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lundi 12 avril 2010

Le Choc des Titans



Le bien-fondé des remakes est une question qui vrille perpétuellement le cœur des cinéphiles. L’annonce de telles entreprises s’accompagne le plus souvent de grands râles de protestation, avant même l’annonce d’un réalisateur ou d’un casting. Faut dire que le cinéphile (surtout geek) n’aime pas le changement. Si la pilule peut passer avec les noms attachés aux différents projets, celui-ci reste septique jusqu’à la sortie du machin. Or, ce choc des titans cuvée 2010 avait de quoi faire frétiller l’amateur de guerriers en jupette qui sommeille en chacun de nous : un sacré budget, l’acteur le plus bankable du moment (Mouloud Achour), un frenchie à la réalisation capable de bessoneries bas de plafond mais jouissives, et suffisamment compétent dans les blockbusters ricains pour livrer un Incroyable Hulk de bonne tenue.

Et surtout, le film original tient sa renommée de ses effets spéciaux, constituant l’apogée de Ray Harryhausen, juste avant l’apparition des premiers effets numériques. La remise au goût du jour, fort des techniques modernes, est donc alléchante, surtout qu’un tel script est capable de combler l’envie d’expériences spectaculaires ultime de spectateurs toujours plus avides (et dans le même temps plus rapidement blasés). Cette version 2010 remplit donc son office, mais se contente du minimum syndical, n’exploitant finalement que peu son synopsis dantesque.

Louis Leterrier est un bon technicien qui emballe ici des scènes franchement réussies, toutes en démesure et en mythologie couillue, mais le montage à la truelle du film empêche toute implication du spectateur, qui a plus l’impression de visionner passivement des cinématiques de jeu vidéo plutôt que de vivre une histoire iconique en diable. Résultat, à trop vouloir compresser l’intrigue pour une durée de métrage rachitique permettant d’enchaîner promptement de multiples séances par jour, le final est carrément bâclé. Malgré une montée en puissance fonctionnant principalement sur l’attente (et donc complètement dynamité par une bande annonce racoleuse) et un visuel à tomber par terre, le combat apocalyptique final est expédié de façon indigne et laisse au spectateur un mauvais goût en bouche. Alors que certains blockbusters, n’ayant rien à raconter, durent 2h30, on a du mal à comprendre le raisonnement des costumes cravates derrière de tels projets, d’autant que les coupures et autres éléments du scénario abandonnés laissent un sacré vide. Pour une fois qu’on avait les moyens d’adapter une mythologie qui ne provient pas de jouets, de jeux de sociétés ou du dernier bouquin à la mode, on ne laisse pas au film les moyens d’explorer à fond son univers. A trop sacrifier sur l’autel de l’efficacité, le film perd son identité et son âme.

Dès lors, si le film démarre sur un postulat intéressant, le désaveu des Dieux par les Humains, et la réponse à grands coup de Kraken des barbus en armure, le film reste au niveau de n’importe quel gros budget lambda, comme il en sort par dizaines à chaque périodes stratégiques de l’année. Les personnages, mis à part Persée, n’existent pas, alors qu’on se doute que de nombreuses scènes sont restées sur le banc de montage. Néanmoins, si la caractérisation des personnages est rachitique, le film se montre vraiment généreux sur ses scènes à grand spectacle. Difficile alors pour l’amateur de refréner ses envies de violence guerrière et barbare (PG-13 quand même hein, faut pas pousser), et tout un bestiaire impressionnant au rendu impeccable. Si le film bascule parfois dangereusement vers le kitsch (notamment chez les dieux habillés façon Saint Seya et scintillant comme dans Twilight), il n’en demeure pas moins un divertissement tout ce qu’il y a de plus honorable, au visuel réussi et à l’efficacité imparable. Il faut parfois savoir se contenter d’un spectacle apportant juste ce que le public réclamait, et ne transcendant jamais son postulat de base. A l’heure où les films sont plus conçus par des directeurs marketings que par des amateurs du genre, cela risque de devenir la norme. Si elle ne l’est pas déjà.

Le choc des titans fournit exactement ce que l’étude marketing avait démontré : du grand spectacle, de l’homme viril en jupette, des monstres, des barbus scintillant et un emballage top-chrono. Tout ce qui fait un blockbuster réussi donc. Ça, et Mouloud Achour en super star.
Egalement publié sur Geek Culture

jeudi 8 avril 2010

Les Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec



Près de deux ans après sa retraite annoncée, Luc Besson semble encore bien occupé. Alors que son nom est collé au quart de la production cinématographique hexagonale, le bougre sort son deuxième film en à peine six mois. Comme ces grands parents qu’on laisse pourrir dans une maison de retraite en attendant de toucher l’héritage, Luc Besson nous fait penser à l’autre grand papy du cinéma à grand spectacle : Georges Lucas. On sait bien qu’ils font n’importe quoi, mais on les laisse faire, ça leur procure tellement de plaisir de continuer à croire qu’ils sont importants.
Vivant en autarcie la plus totale, gérant tous les processus de création de leurs films, ils n’écoutent qu’eux-même, et ont perdu tout sens critique vis-à-vis de leurs œuvres. Et la preuve de leur sénilité de s’afficher sur tous les murs de France.

Les Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec redéfinit, ainsi, totalement le sens du mot "extraordinaire", redonnant ses lettres de noblesse au cabotinage, au deus ex machina quand le scénario piétine, aux blagues franchouillardes et à l’absence totale d’intrigue. On entre dans la salle vierge de tout a-priori, la bande annonce en montrant trop peu pour constituer une réelle attente tout en restant suffisamment alléchante d’un point de vue visuel pour que le spectateur daigne se déplacer. Mais c’est avec ce goût rance en bouche que l’on ressort, preuve d’une énième déception. On devrait avoir l’habitude depuis le temps. Hélas, même sans rien attendre du film, il était difficile de prévoir un tel déballage de fautes de goût, pour une adaptation de BD surement fidèle, mais loin de constituer un objet filmique digne de ce nom.
Car, si Luc Besson reste un technicien de qualité, habile faiseur à l’expérience inattaquable, comment laisser passer un scénario aussi pauvre, où les calembours et autres jeux de mots reprenant l’héritage laissé par Jean Lefebvre importent plus que la cohérence narrative, et où les pitreries indignes du gros Luc se succèdent au détriment des rebondissements scénaristiques ? L’histoire navigue à vue et les scènes s’enchaînent platement entre deux gags moribonds. Si la sœur d’Adèle est malade, le spectateur n’est jamais impliqué, le personnage étant absent des trois quarts du métrage, le méchant est inexistant, et la source du trauma d’Adèle est tellement ridicule qu’on préfère laisser la surprise aux pauvres âmes en peine s’aventurant vers les terres du gros Luc. D’autant plus dommage que la première séquence semblait introduire un film qui n’aura finalement jamais lieu : de l’aventure, des effets spéciaux, un côté Indiana Jones féminin qui n’était pas pour nous déplaire... Non, Luc préfère emballer la reconstitution d’une France St Moret, où l’humour facile et déprimant côtoie l’indigence scénaristique.

Si le long métrage semble calibré exclusivement pour nos chers bambins, quelle tristesse d’assister, un peu plus à chaque film, au naufrage d’un homme capable du meilleur, volontaire lorsqu’il s’agit de sortir le cinéma français de la torpeur bobo qui l’habite, mais tellement engoncé dans sa mégalomanie que personne n’ose l’affronter, fabriquant sans vergogne une œuvre autour d’un script rédigé en un week-end au bord de la piscine, tiré encore plus par le fond par un humour de cour de récré lourdingue. Si Luc Besson avait le courage de s’entourer d’une équipe de scénaristes capable de freiner ses ardeurs franchouillardes, on assisterait à la naissance du sauveur du cinéma français. A lieu de ça, on doit se contenter de films avec un gros black qui pète la gueule à un chinois en Audi.

Les Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec est donc une oeuvre vide, plastiquement réussie - si l’on excepte ce filtre jaune baveux rajouté à l’image - mais au scénario anecdotique, oubliant les moindres principes d’une quelconque intrigue, pour exposer au grand jour la personnalité puérile d’un réalisateur trop renfermé sur lui-même pour oser se remettre en question. Les spectateurs de plus de 8 ans peuvent passer leur chemin sans remord.
Egalement publié sur Geek Culture

mardi 22 septembre 2009

Ultimate Game


Film pour geeks par des geeks, Ultimate Game, sous ses oripeaux de baston badass et son mauvais goût bien gras, est aussi moins régressif qu’il n’en a l’air. Dans cette description d’une société soumise aux jeux de rôles virtuels, où toutes les transgressions sont possibles (drogue, sexe, meurtre) jusqu’à y abandonner sa propre vie, les auteurs, déjà responsables du crétin mais jouissif Crank, inventent un monde déglingué pas si improbable, et distillent peu à peu un malaise palpable.
Improvisant des cadres et des plans inédits, les deux bonhommes tentent une symbiose entre cinéma et jeu vidéo visuellement réussie, bugs et lag compris.
Et Michael C. Hall cabotine avec joie (jusqu’à avoir son propre numéro musical sorti tout droit de Broadway).

Sûrement trop porté sur les petites culottes et la violence décomplexée pour avoir un véritable impact, le film dévoile une autre facette de Neveldine et Taylor, qui ne sont pas que des prépubaires de 40 balais qui s’amusent à exploser des trucs avec Jason Statham.
Aux commandes d’un véritable sujet, un projet audacieux et mature, ils seraient bien capables d’étonner tout leur monde.
Mais difficile de dépasser le stade anal.

mardi 28 juillet 2009

Là-Haut


A chaque été son Pixar nouveau, et la certitude d’une source d’émerveillement, de retrouver son âme d’enfant aujourd’hui massacrée par bon nombre d’adaptations puériles et de remakes bêtifiants.
Là - Haut ne déroge pas à la règle et s’apparente même à une synthèse du studio : l’humour de Toy Story, l’aventure et l’action des Indestructibles, l’émotion de Wall-E. Les dix premières minutes du métrage sont à ce titre d’une richesse inouïe, d’une puissance émotionnelle et évocatrice désarmante, où comment exposer toute une vie avec pudeur et simplicité. Ca paraît tellement évident, et pourtant il n’y a que le studio pour oser des thématiques aussi matures dans un divertissement destiné au grand public.

Si le film s’écarte par la suite de son ton adulte, c’est pour conter une aventure formidable et irrésistiblement trépidante, portée par l’amour du dessin animé d’antan, quand les considérations marketing importaient moins que l’histoire et les personnages. On rit, on s’émeut, on frissonne, on a 6 ans et les yeux grands ouverts devant certaines séquences d’un suspens hallucinant et face à cet univers décalé, comme hors du temps, mais parfaitement crédible grâce au réalisme « à la Pixar », où l’on s’étonne à peine qu’un rat puisse être fin gourmet où que des chiens pilotent des biplanes.

Certes cette nouvelle cuvée n’est pas aussi fondamentale que Wall-E, la faute à une ambition baissée à hauteur d’homme, mais cette belle et touchante histoire d’amitié, pleine de l’aventure la plus échevelée touche notre cœur comme le studio nous a désormais habitué à le faire. Et l’on ne peut que se réjouir qu’ils réussissent à conserver cette indépendance et cette liberté de ton rare, qui permet que chaque été recèle d’un nouveau petit miracle.
Loin, très loin de la concurrence, Pixar réussit une nouvelle fois l’impensable : nous rendre heureux, nous faire sentir vivant, dans l’intimité d’une salle de cinéma et avec l’aide de millions de pixels.
Chapeau bas.

mercredi 24 juin 2009

Transformers 2 – La revanche du boum crasch paf


Les parents de Michael Bay ont sûrement du s’arracher les cheveux devant le petit Michael et son besoin presque pathologique de casser ses jouets dès Noël passé.
Maintenant Michael est grand et assouvi sa passion.
En vrai.
Et là qu’il veut se concentrer sur des films sans action, il a décidé de tout envoyer dans un dernier opus (on verra bien) salvateur. Le bougre ruine une ville dès le générique.
Car Transformers 2, c’est la surenchère à l’américaine comme jamais : plus de robots, plus de Megan Fox, un budget explosion colossal… Et surtout plus de blagues et autres scènes embarrassantes, quitte à abandonner son auditoire non préparé au style du bonhomme sur la route. Michael fait ce qu’il veut, et s’en donne à cœur joie.

Cinéaste du médiocre, du vulgaire, du beauf, Michael Bay dépasse la limite dans cet opus de Transformers, qui s’il dispense toujours son quota de fun, de Megan Fox lascive ou de destruction massive, va tellement loin dans le mauvais goût vaseux que l’on peine à défendre le film. Ici le divertissement se résume à deux bonasses, un cumul d’explosions dépassant celui des dialogues et des blagues foireuses sur le scrotum. Le scénario navigue à vue, enchaînant les rebondissements improbables à un rythme déraillant entre incrédulité et gaudriole. Cherchant à développer la mythologie de ses aliens, le film multiplie les scènes de vilains voulant conquérir le monde sorties tout droit de Power Rangers, d’un Mégatron au charisme saboté, à des Autobots inexistants ou simplement horriblement irritants (un grand merci au passage au film qui réhabilite le rôle du sidekick, et qui nous prouve à quel point le cinéma se porte mieux sans).
Les Decepticons parlent, mais débitent des inepties à la pelle, et au final le film vaut surtout pour sa démonstration technique impressionnante. Même Bay ne fait pas d’éclat, recyclant les plans de ses précédentes œuvres (quand il ne fait pas dans l’autocongratulation grasse). On peut toutefois noter un style passablement assagi, avec des plans longs de plusieurs secondes (un miracle) et des combats presque toujours lisibles.

On attendait de la surenchère, on a eu.
On se vautre dedans, on en ressort gavé, dégoûté.
Transformers s’impose à nous comme la franchise actuelle la plus malade. Portée par une ambition démesurée mais gangrenée par des élans nanars qui n’ont rien à faire là.
Reste à savoir si l’on arrive à prendre tout ça au millième degré.

jeudi 18 juin 2009

Terminator Renaissance (Tatatatatam)


Voilà un quart de siècle que tous les geeks du monde attendent ça. Voir enfin l’après jugement dernier, la guerre contre les machines. L’opus le plus noir, sombre, irrémédiable de toute la saga. … Réalisé par le metteur en scène pop des sucrés Charlie’s Angels.

Les calculs hollywoodiens nous étonneront toujours, sauf que si le bon McG a gardé son pseudo ridicule, il impressionne vraiment avec des scènes épiques, remixant Les Fils de l’Homme avec Mad Max, l’aspect documentaire avec le post-nucléaire des déserts arrides et motorisés.
Sauf qu’aussi impressionnant qu’il soit, le film n’arrivera jamais à égaler le maître Cameron, qui en une simple scène d’exposition arrivait à marquer pour de bon l’inconscient collectif à coups de champs de crânes humains et l’atmosphère palpable et putride d’une espèce humaine en voie de disparition.

Dès lors, le nouveau cru ne saura jamais se dépêtrer de son illustre modèle, et n’est jamais meilleur que lorsqu’il flatte le fan dans le bon sens du poil avec références et allusions à la « trilogie » originale (enfin, au diptyque et son remake). L’apparition surprise finale (mais éventée depuis) est à ce titre absolument jouissive. Lorsqu’il s’agit de développer son futur, le film s’embourbe dans des rebondissements grotesques, des facilités scénaristiques honteuses, une intrigue prétexte aux enjeux anecdotiques, et un John Connor transparent se faisant voler la vedette par le Terminator du film (ce qui était la recette des derniers volets, mais n’a pas lieu d’être ici).

On peut toutefois apprécier un bestiaire robotique franchement réussi, et se rassurer en s’assurant que tout ça n’est que l’introduction d’une nouvelle trilogie qui peut s’avérer énorme.
Si les producteurs ont le cran d’insuffler toute la noirceur inhérente au sujet, et pas cette foutue violence aseptisée, mal gangrenant la plupart des films hollywoodiens au nom du Dieu Dollar.
Qu’elles sont loin, les couillues années 80.

mercredi 27 mai 2009

Good Morning England


Les années 60. Le rock, le mouvement hippie, la voix des jeunes qui gronde et surtout un intense mouvement de liberté qui s’éprend des nations occidentales et qui va exploser les générations, les mœurs et la norme.
Et dans notre XXI ème Siècle ultra morose, le film de Richard Curtis fait un bien fou. S’il a fini de faire vibrer nos cœurs avec ses histoires d’amour so british (Love Actually, chef d’œuvre du genre et comédie romantique ultime), il fait ici trépigner nos corps avec ce scénario à la subversion réjouissante, porté par un ton libérateur et une bande son à tomber.

On s’attache immédiatement aux personnages de ce bateau du rock, qui vivent pour la musique et luttent contre un gouvernement enraciné dans des traditions et une manière de vivre obsolète. Avec ces scènes sur la terre ferme, le film capte pleinement l’atmosphère prête à exploser de l’époque, et les aligne avec celles du bateau, entre sexe, drogue et rock’n roll. Cet affrontement est le ciment du film, entre autres sketchs doux-amers de vie dans une communauté de doux-dingues.

On en sort avec le cœur léger, porté par l’enthousiasme d’un film jouissif. Richard Curtis abandonne peut être le rose bonbon, mais ses œuvres n’ont rien perdues de leur pouvoir euphoriques.
Un vrai feel-good movie à partager absolument.

vendredi 15 mai 2009

Star Trek


Aaaaaah, Star Trek, son défilé improbable de pyjamas, de dialogues incompréhensibles et un côté ultra cheap que des millions de dollars n’ont jamais réussi à effacer.
Si la saga s’est sanctifiée sur l’autel du cul aux Etats-Unis grâce à des Trekkies déchaînés (générant d’ailleurs une guerre avec les fans de l’autre grande saga de SF dont le nom nous échappe), en France, c’est une toute autre histoire. Réparation faite avec ce reboot de petit malin, écrasant le box office francophone de sa supériorité (du moment qu’un mutant poilu et pointu le laisse faire).

En l’état le film est ultra respectueux de son modèle, remodelant la saga grâce à un procédé audacieux et franchement intelligent, préfigurant de très bonnes choses pour les suites. J.J. Abrams injecte dans l’univers le rythme et la frénésie qui lui manquait, et transpose sur le grand écran tout son savoir faire télévisuel. Son style, trépident, toujours au bord de la rupture et typiquement geek, s’intègre parfaitement dans ce qui aurait pu être un suicide artistique. Le réalisateur devient enfin un grand, et pour les fans qui le suivent depuis les balbutiements de Bad Robot, c’est jouissif.

La reconnaissance d’une saga, et la naissance d’un réalisateur (qui a la carrure pour devenir le prochain Spielberg), à eux maintenant d’aller jusqu’au bout de leur aventure, where no man has gone before…

jeudi 14 mai 2009

Le Missionnaire


On s’est fait avoir ! Alors qu’on se délectait à l’avance de se taper un nanar des familles, de justesse avant le retrait définitif de l’affiche, grosse gaudriole avec les deux has been de 2009, alors qu’ils ont touché les sommets du succès :Jean Marie Bigard et le tâcheron derrière Samantha.
Plaisir sadique mais tellement jouissif de se cacher derrière un pseudonyme et déverser son fiel sur une œuvre qui le mérite sûrement. Et avec cette production Besson (n’en jetez plus !), on pensait trouver la victime de la semaine.

Et alors qu’on peine à y croire, on se met à sourire. Voire à rire. Puis s’émouvoir.
Pour sûr Le Missionnaire n’est pas la grosse surprise, la comédie cinq étoiles comme pouvait l’être OSS 117, mais elle distille suffisamment de bons moments, sans mépris éhonté du spectateur, pour qu’il se laisse facilement cueillir par cette histoire certes terriblement naïve, pas très originale, un peu beauf aux alentours, mais carrément attachante.
Bigard délaisse la mégalomanie et sa vulgarité crasse et compose ici un numéro façon Ventura parfaitement dans ses cordes, faux prêtre mais véritable être humain. Son discours empli de tolérance entre deux bourre pifs est simpliste, mais sonne juste dans cette œuvre sans calcul commercial, qui aurait mérité un plus grand intérêt de la part des spectateurs.
Dommage, surtout pour ce mignon petit film.

mardi 12 mai 2009

OSS 117 Rio ne répond plus


Les miracles existent, et Hubert Bonisseur de la Bath est notre nouveau messie. Il vient dézinguer avec classe et retenue la tronche de Coco, Cyprien et consort et prouver que oui, les comédies françaises drôles sont possibles !
Porté par un humour con ravageur, mais aussi carrément corrosif (Israël, carrément, il fallait oser), le film fait un bien fou et explose nos zygomatiques, qu’on croyait définitivement mortes, à force de s’enquiller dialogues de sitcom et situations poussives.

Qu’il soit raciste, naïf, misogyne ou juste complètement crétin, Hubert remporte tous les suffrages d’une salle devant néanmoins être prête à rire des répliques les plus abjectes, déblatérées par un agent vieille France à peine conscient de l’énormité de ce qu’il raconte.
Le film va très loin et l’on ne peut que l’en féliciter. Et quand en plus il verse dans un humour débile franchouillard ou une absurdité toute britannique, c’est toute la salle qui se marre enfin, dans une communion réjouissante, loin des sourires polis habituels.

Jean Dujardin trouve là le rôle de sa vie, le scénario réussit à dépasser la drôlerie du premier film, même l’effet de surprise passé. Ambitieuse, la réalisation se calque sur les effets de l’époque traitée (à l’instar du premier volet) et multiplie les split – screen et autres références cinématographiques (Hitchcock notamment). Le final, vertigineux, n’a rien à voir avec la pauvreté visuelle des autres comédies francophones récentes et prouve encore le soin tout particulier apporté au film, à tous les stades de sa confection.

On en vient à se demander depuis combien de temps on avait autant ri au ciné, jusqu’à se souvenir des répliques des semaines plus tard.
Et que celui qui réponde Bienvenue chez les Ch’tis meurre à l’instant.

vendredi 17 avril 2009

Safari


L’attaque du conformisme fait des ravages. Il ronge peu à peu tous les talents français, qui, à me sure que le succès arrive, s’installent dans un fainéantisme confortable, et oublient l’univers qui les a mené au sommet.
Le cas Safari est symptomatique de cet état des lieux de notre ciné hexagonal, car si l’on retrouve ça ou là le ton savoureux de Kad et O (la poule, le personnage d’Omar), les blagues du film ressemblent plus à du sous Veber période La Chèvre qu’à un véritable film du tandem. En devenant réalisateur, Olivier Baroux a vidé le duo de sa substance, et enchaîne les comédies, certes sympathiques, mais poussives et paresseuses.

Le film nous arrache quelques sourires, reste amusant de bout en bout, mais on est loin des délires de Un Ticket pour l’Espace, loin de l’hilarité de Pamela Rose. Le duo s’est assagi pour satisfaire les investisseurs, et le diktat du box office a encore tué une pièce importante de l’humour français moderne (oui, carrément).
Les bribes d’un humour drôle surnagent parfois, mais on sort de la salle triste de devoir encore enterrer ses idoles, la faute à un produit préfabriqué bien mené, mais sans âme.

mercredi 15 avril 2009

Dragon Ball Evolution


C’était il y a une quinzaine d’années. Le mercredi chez sa mamie a regarder le Club Dorothée. On s’enquillait les débilités chères à Ségolène Royale avec passivité, en trépignant d’impatience pour les seules aventures qui nous intéressaient, 15 minutes (après la censure) de violence décomplexée, de combats apocalyptiques surhumains : Dragon Ball Z. Tout le monde en parlait à la récré, s’échangeant les cartes et les POGS. Et c’était génial.

Maintenant, les gamins doivent danser la Tektonik, se contenter de merchandising puant comme jouets (même les Action Man ont perdus de leur superbe) et Dragon Ball restera, même pour eux, cette énorme blague sortie le 1er avril. Car c’est officiel. Dragon Ball Evolution (Darwin se retournerait dans sa tombe s’il savait ça) est un immense nanar, hilarant et d’un ridicule flamboyant. Rien, même les premières images ou la bande annonce cataclysmique ne vous a préparé à ça.

Faire l’étalage des scènes cultes du film n’aurait ici aucun intérêt, d’autant que cet attentat au bon goût a gagné sa place pour la postérité sur Nanarland. Mais impossible de faire l’impasse sur des scènes comme la mouche avalée, la dégustation de fraises, la glissade sur cheveux, la construction du pont, le kaméhaméha tektonik, l’apparition de Uncle Bens, les combats façon Power Rangers, ou encore le clifhanger final à base de couette et de soupe aux légumes. Ca à l’air absolument génial ?
C’est normal, le film, formidable accident industriel, ne cesse de ruiner les maigres espoirs qu’on avait encore, la faute à une méconnaissance aigue du manga d’origine. Goku est un djeun’z mi autiste, mi demeuré, qui ne s’entraîne que pour plaire aux filles, Maître Roshi est un quarantenaire complètement gâteux qui s’habille comme Magnum, Bulma ressemble à une prostituée qui fête ses vingt ans de métier, et Yamcha est un faire-valoir peroxydé et cupide.
Les dialogues sont réduits au strict minimum dans cette 1h10 de grand n’importe quoi, dont le summum reste Picolo, grand méchant sans motivation à part celle de faire les gros yeux, avec un maquillage moisi de Fantomas, et qui s’est libéré « on ne sait pas trop comment » (dixit le film) de sa prison ancestrale. L’aspect cheap de l’œuvre, avec ses décors en carton pâte et ses effets spéciaux déjà démodés lors de la diffusion de l’animé, rehausse encore cette entreprise de démolition, et prouve parfaitement l’impossibilité d’une adaptation correcte de Dragon Ball. Le salut ne pourra venir que d’une transposition en image de synthèse, à l’instar des récentes Tortues Ninjas.

En attendant, on s’éclate devant ce nanar absolument pas assumé qui ravit le spectateur déviant avec un crescendo de conneries hallucinant et irrémédiablement jouissif.
Jusqu’à ce que le nom d’Akira Toriyama apparaisse au générique, et laisse place à une pointe de déprime.
Un formidable gâchis, mais un gâchis formidable.

mardi 14 avril 2009

Watchmen


La bible d’Alan Moore et de Dave Gibbons, réputée inadaptable, se trouve pourtant sur nos écrans, avec sa cohorte d’affiches marketées façon super héros. Tout en poses iconiques avec catchphrases bien mises en avant, on a peur : le roman graphique n’a rien à voir avec une pompe à fric, dézinguant plutôt le modèle héroïque, véritable véhicule à dollar des années 2000.

Et pourtant, c’est une réussite. Plus copié collé que vraie adaptation, c’était pourtant l’angle à adopter pour conserver la force des écrits de Moore et surtout ne pas froisser les fans, gardiens du temple et capables de couler un film en un week-end d’exploitation grâce à l’outil Internet. Ca tombe bien, le fan sera ravi. On a rarement vu plus fidèle transposition (c’est facile, les scènes sont parfois reproduites à la case près), et les quelques changements s’intègrent parfaitement dans la thématique de Moore. Le film suinte la noirceur, le sang et le foutre, et à la pellicule d’adopter un statut d’accident industriel, où l’on se réjouit de voir une œuvre aussi malade sortir d’une aussi grosse major telle que Warner Bros. Certes, le film s’est évidemment ramassé au box office, tuant dans l’œuf toutes les prochaines tentatives gonflées de ce genre, mais ce fût beau à voir le temps que ça a duré.

En l’état Watchmen est un sacré morceau de péloche, même si le fan hardcore s’insurgera contre une deuxième partie aux changements pas très heureux (des ralentis génants, une sentimentalisation exacerbée, une iconisation outrancière) et que le spectateur lambda risque de ne rien entraver pendant les vingt premières minutes.
Qu’importe.
Watchmen s’impose comme le monument geek qu’on attendait, tout en violence et en réflexion, gavé à rabord de scènes cultes (merci Doc Manhattan et Rorschach). Voué à la destruction des normes et des valeurs établies, Watchmen ajoute toutefois à l’œuvre originale une beauté glacée, apport évident de ce film indispensable pour qui est allergique au premier degré grandiloquent des Spider-Man et consort.

vendredi 10 avril 2009

Monstres contre Aliens


C’est le XXI ème Siècle ! Les films sortent avec de moins en moins d’acteurs, l’imagination n’a quasi plus de limite (à part celle du portefeuille) et la 3D se démocratise. Pas la 3D rouge et bleue des paquets de Chocapic, mais celle qui transcende l’écran et le développe en largeur et surtout en profondeur.
Car si le film est franchement sympathique (mais a du mal à tenir la distance avec la grande réussite de Dreamworks, Kung Fu Panda), c’est surtout la séance en 3D qui s’avère impressionnante et annonce une véritable révolution des séances cinés d’antan.

Le spectateur est au cœur du film, pris à parti par ses personnages, et une profondeur de champ incroyable. Ce genre de plus value devrait être la piste de travail pour lutter contre le piratage et redonner envie aux spectateurs de retourner au cinéma, plutôt que cette répression qui va à l’encontre des réalités du marché. Car aussi chouette que soit la diffusion en 3D, sa démocratisation est terriblement lente et s’avère un évènement anecdotique, jamais reconnu à sa juste valeur. Nous sommes en plein dans le cinéma du futur. In ne lui manque plus que des œuvres plus que des œuvres plus ambitieuses.
Monstres contre Aliens est une gentille comédie, inoffensive mais aux références savoureuses, et aux scènes d’actions impressionnantes.
A noter que la VF est aussi horripilante que d’habitude (malgré le peu de stars franco-françaises présentes) et que Julien Doré se débrouille beaucoup mieux que Louise Bourgoin.

vendredi 13 février 2009

Le Séminaire - Caméra Café


Après un premier épisode bien loin de la qualité de la série éponyme, la bande de Caméra Café revient pour en découdre dans un nouveau film de bien meilleure tenue. La décision de raboter l’équipe de la moitié de ses membres permet de se concentrer sur les personnalités les plus intéressantes et d’aérer un univers trop formaté pour s’épanouir pleinement sur grand écran. Et si l’on est triste de perdre Sylvain, le récit de sa disparition est à l’origine d’une scène hilarante.
Ici, débarrassé des conventions de la série, dans un autre lieu, et avec un casting réduit, la sauce peut enfin prendre.

Surtout concentré sur Hervé et Jean Claude, deux puissances comiques terrassant le reste du casting par leur bêtise et leur lâcheté, ils sont l’attraction principale d’un film un peu paresseux, se contentant de son casting et de l’aura culte qui va avec pour charmer les spectateurs. Mais l‘important est que ça marche, un soin particulier entourant les dialogues. Le film est donc drôle, mais on se prend à rêver d’un scénario plus solide, le potentiel étant là, le film ménageant des sursauts de l’intrigue assez formidables, à l’instar d’un final façon prise d’otage réjouissant, et doublé d’un savoureux degré social.
La série ressemble donc enfin à un objet de cinéma, et il ne reste que quelques petits pas à franchir pour devenir une véritable franchise comique de qualité.
En l’état, Le Séminaire est une bonne comédie, sans prétention, mais avec un réel plaisir à l’ouvrage.

mercredi 11 février 2009

L’Etrange histoire de Benjamin Button


Fini le temps où David Fincher s’amusait avec les conventions et les mouvements de caméra improbables.
Il est en quête de sens, et a atteint la maturité nécessaire pour accoucher de chefs d’œuvres. La preuve avec le bloc inattaquable qu’était Zodiac, classique sorti tout droit des seventies. Porté par un pitch peut être trop ambitieux, L’étrange histoire de Benjamin Button accentue encore ce tournant dans la carrière de celui qui n’est plus un jeune premier qui en veut, mais bien l’un des noms les plus importants du cinéma américain moderne.

Tout respire la perfection dans ce film, des cadrages à l’image glacée et léchée jusqu’à une interprétation soufflante, aidée par la prouesse des effets spéciaux, capable de rajeunir et vieillir l’ensemble de son casting sans que le spectateur n’y prête attention, alors qu’il est happé par l’histoire et ses évènements. La performance technique est donc un outil de plus en faveur de cette histoire incroyable, sorte de Forrest Gump en beaucoup moins naïf, larmoyant et horripilant, même s’il en partage la même construction narrative.
Sauf qu’à vouloir trop bien faire, conscient de fabriquer un film de la trempe des plus grandes réussites hollywoodiennes, le réalisateur peine à insuffler un supplément de vie dans son histoire, l’univers du film étant finalement un peu trop froid pour toucher en plein cœur. Reste qu’il est difficile de ne pas être touché par cette histoire d’amour hors du commun, redéfinissant la vie comme la mort et bercée d’une douce poésie.

mardi 10 février 2009

LOL


De prime abord, LOL fait peur.
Un lycée bourgeois regroupant une population encore plus bobo que leurs parents, des jeunes sortant tout droits d’une pub pour gel, tout en mèches et en fashion attitude, avec un language MSN à base de « trop pas » et autres « tepu ». On échappe de peu à la tektonik, pour se coltiner la future jeunesse UMP, l’héroïne de la Boum en plus.
On a les références qu’on mérite.

Sauf qu’on ne peut pas garder cette acidité de façade très longtemps.
Les premiers échanges entre les lycéens prêtent à sourire, façon sitcom AB du pauvre, mais l’on voit rapidement poindre une vraie qualité d’écriture dans cette bande là, à l’instar de la tirade d’introduction déclarée par une Lola très en verve. Le personnage prend joliment vie grâce à Christa Theret, jeune actrice pétillante et pleine de fraîcheur, qui illumine tout le cast et se permet même de tenir facilement tête à des acteurs de haute tenue.
LOL a donc tout d’une sacrée bonne surprise, sorte de radiographie d’une jeunesse dorée, plongée dans les méandres des complications sentimentales et de l’incompréhension entre les espèces (garçons et filles) et générations (parents et enfants). Le tout débouche sur des scènes vraiment drôles, et à une relation mère fille touchante, surtout lorsqu’elle met une mère en face de ses convictions, qui paraissent bien moins évidente lorsque sa fille se met à profiter au maximum de la libération féminine. Le parallèle entre les relations amoureuses des deux personnages est ainsi finement traité, avec une Sophie Marceau enthousiasmante et pleine de vie, à mille lieux de son personnage publique.

Plutôt réaliste dans sa représentation du comportement adolescent (les scènes MSN), le film surfe sur l’air du temps, ne fantasme pas une jeunesse rêvée (on y boit, on y baise et on fume) et soigne une BO aux petits oignons. C’est certainement un peu trop superficiel, artificiel pour être honnête, s’assurant un succès bien établi, mais il n’empêche qu’on passe un bon moment, loin du déferlement d’hormones acnéique redouté.

lundi 9 février 2009

Largo Winch


La France en a marre de passer pour un pays de petits bras, de rigolos qui se déplacent en masse pour un film sur le maroilles quand les autres balancent à la pelle des blockbusters pleins de super-héros ou d’agents secrets. Largo Winch semble vouloir prouver, à chaque instant, à chaque mouvement de caméra, que nous aussi, par un appel du pied grossier, on peut faire aussi bien. Voire mieux.
Faudrait pas nous prendre pour les derniers des abrutis non plus.

Largo Winch est efficace, bien interprété, rondement mené, mais s’enfonce vulgairement dans une débauche d’effets loin d’être modeste. Le scénario enfile les rebondissements incohérents avec un timing régulier, si bien qu’a la fin, le tout ressemble au pire des season finale de 24. Tout le monde ou presque est un traître visant Largo Winch, être parfait au brushing à l’effet décoiffé savamment étudié que tout le monde se lève pour applaudir dans un final faisant s’emballer le détecteur nanar.

Mis à part ces quelques éléments prêtant à sourire, le film ne s’en sort pas si mal que ça. Limité par ses faibles moyens, le film doit se contenter de très courtes scènes d’action, mais celles-ci sont parfaitement lisibles et réussies. Etonnement juste, Tomer Sisley est la bonne surprise d’une œuvre, qui, si elle ne restera pas dans les mémoires, s’avère un divertissement tout ce qu’il y de plus honnête.

vendredi 6 février 2009

Yes Man


Si la sortie d’un nouveau Jim Carrey était toujours un évènement, notamment lorsque l’on associait sa personne avec des grands noms de la comédie US (les frère Farelly) ou des concepts énormes (devenir Dieu, rien que ça). Sauf que le bougre, à force d’enchaîner les films de plus en plus anecdotiques, ou les bouses innommables (Le nombre 23, quelle horreur), a fini par sombrer dans l’oubli, enchaînant péniblement un film tous les deux ans, ou juste bon à donner de la voix dans des productions animées.
Le revoilà donc par la petite porte, avec cette comédie sans prétention, qui ne brille jamais par son originalité mais qui a au moins le mérite de dérider les zygomatiques (ça et Zooey Deschanel).

Le film, avec son héros qui décide de dire toujours oui, renoue avec les concepts barrés à même de porter la folie jamais contenue de son acteur principal. De tous les plans, grimaçant et gesticulant plus que de raison, Jim Carrey sauve le film par la puissance de son pouvoir. Génie comique au corps élastique et au visage tout en guimauve, il est capable de transcender la moindre idée vaguement drôle pour en faire une arme destructrice d’abdos. Et même si c’est foncièrement débile, difficile de résister à un film où le bougre vide un rouleau de scotch sur sa tronche, où abuse du redbull dans une scène hilarante (d’autant plus si on ajoute l’équation Zooey Deschanel au tableau).

Néanmoins le scénario surfe sur les poncifs d’une histoire d’amour obligée et prétexte à un film avare en idées, et laisse le soin au grand Jim d’amuser la galerie. C’est en ce point que le film rejoint également les autres performances de l’acteur : toujours à l’origine d’un concept gonflé, qui s’épuise au bout de quarante minutes, quand il ne se transforme pas en romance cul-cul insoutenable.
Yes Man n’échappe pas à la règle, mais quand la bluette compte Zooey Deschanel comme une des deux parties, on ne peut qu’applaudir des deux mains.
Le film comblera donc de bonheur tous les fans de l’actrice, à l’instar de ses autres (trop rares) apparitions, comme perdues dans le temps, où tout l’équilibre mais aussi la fragilité du monde semble prendre place dans ses yeux…
Jim comment vous avez dit ?

jeudi 5 février 2009

King Guillaume


Il faut se faire une raison.
Les robins des bois ne sont plus.
Et chacun de ses membres sont partis vers d’autres directions avec plus (Marina Foïs et Jean Paul Rouve) ou moins (Elise Larnicol et Pascal Vincent) de réussite.
Pierre François Martin Laval se trouve entre les deux, réduit à cachetonner dans des rôles de beauf dans les films des autres. Or, le bougre a son univers bien à lui, plein de poésie et de candeur enfantine, parfaitement mis en valeur dans un premier long touchant et maîtrisé.
Le fan de la troupe était quand à lui aux anges de voir Pouf le cascadeur réussir sa reconversion.
Si ce deuxième essai peine à convaincre totalement, il apparaît néanmoins comme une bouffée d’air frais dans l’univers sclérosé et allergique à toute originalité de la comédie française.

King Guillaume est donc une petite déception par rapport aux attentes placées dans le bonhomme, tant le film s’apparente surtout à une commande, presque asséché de la moelle poétique et enchantée de Essaye Moi. Son film ne se révèle jamais comme personnel, et la patte si délicate du réalisateur transparaît à peine dans un travail scolaire, mais appliqué.
Florence Foresti fait son show entre deux idées paresseuses du scénario, et PEF, en lui laissant de l’espace, perd sa folie.
Reste que le film rappelle au bon souvenir du spectateur grâce à de nombreuses scènes où l’univers si particulier déjà à l’œuvre dans son précédant film réapparaît.
En l’espace de ces quelques délicieux moments, le film récupère les spectateurs déçus et fignole une œuvre amusante, un poil barrée et surtout terriblement attachante.
Mais attention, car on ne se fera pas avoir deux fois.