vendredi 18 avril 2008

Vroum Vroum Tut Tut, Mr Brown aventurier de l’extrême


Inspiré de faits réels.

La fin d’une ère.
Une délivrance.
Une perspective d’avenir, de vie.
Ou de mort.
On a la feuille jaune dans sa main.

C’est officiel, on a le permis.

Le permis est bien souvent une source de honte exacerbée.
Pour mon cas exclusivement, c’est … le cas.
3 ans de pur bonheur.
3 fois un échec au code.
3 fois 34.
1 an de conduite accompagnée entre 18 et 19 ans.
Nombreuses frousses pour mes parents.
Chats, chiens, personnes âgées décédées.

Oui, le permis, c’est le genre de pansement qu’on a du mal à retirer.

Il y a quelques passages obligés.
L’apprentissage du code, en compagnie des plus beaux spécimens de ce que la ruralité a fait de mieux. Il y a Jacky ou Marcel, qui reprend des cours après une conduite en état d’ivresse, il y a Ginette ou Simone, 45 ans, en paraît 60. Passe son code pour la cinquième fois, n’a pas dépassé les 12. Est surtout là pour draguer les jeunots. Il y a ceux que l’on ne voit pas, et qui ne comprendrons pas pourquoi ils n’ont pas l’examen, il y a ceux qui viennent en voiture apprendre la conduite. Et surtout beaucoup de spécialités locales comme on en voit chez JPP (Pernault, hein, pas le footballeur).

C’est dans cette chaleureuse ambiance d’alcool latent et de détresse intellectuelle (ça fait snob, hein ? C’est fait pour) que l’on rencontre celle qui va illuminer notre vie, que l’on va chérir, attendre pendant des heures, et qui pourtant débouchera sur des adieux nullement déchirants.

La belle (Bip) donc (On mettra un (Bip) pour respecter l’identité de notre chère compagne) nous accueille à bras ouverts. Samedi matin 8h, pendant 2 heures. Pas question de n’avoir jamais touché un embrayage de ta vie (Mais c’est pas interdit de conduire sans permis ? Si si), petit topo de 2-3 minutes et allez hop.

Je conduis ! Hey ! C’est rigolo ! Je roule ! Je … Calé.
Et ça va être comme ça pendant 3 ans. A force tu deviens un pro dans la technique du « Je m’arrête en plein milieu d’une voie rapide, mais c’est pas grave, j’ai mis mes warnings ». Et le petit plus, c’est que même quand tu tiens bien ta pédale, tu cales quand même. A cause de (Bip). Qui t’arrête en plein virage, sous prétexte d’être trop large.

N’importe quoi !

Car la conduite apporte aussi un sens de la mauvaise foi qui s’affûte d’heures en heures, jusqu’au code, car bien sûr, c’était le boîtier qui était défectueux. Ca devait certainement être vrai, au bout du troisième 34. Mauvaise foi également pour (Bip) qui te donne rendez-vous à 20 Km de chez toi pour oublier de te prendre. Qui te réserve trois fois trois heures sur la même journée et qui ne vient pas. Mal à la tête.

La bonne blague !

C’est aussi ce qu’on se dit face au code à proprement parler. Une aberration tellement bêtifiante qu’elle en devient drôle. Sauf pour les victimes. Mais la rancœur d’un traumatisé n’a que peu d’importance. Et à posteriori, ça ne semble plus si dur que ça. Alors pourquoi 4 essais ? Pourquoi trois fois 34 ?

Grand mystère de l’humanité.

Mais ce n’est plus vraiment la peine que l’on se penche sur la question. Plus la peine d’appeler Fox ou Mulder. Vu que le permis, on l’a eu.
De justesse, mais on l’a. C’est bien gentil, parce qu’on avait déjà donné avec le code.

A nous maintenant les espaces enfiévrés et enfumés, la galère des places de parking, la mort, l’inconscience, les réparations à 700€.

Je pense que cette histoire de permis est l’épreuve suprême, celle qui joue un tournant dans l’histoire personnelle de tout un chacun. Mais ce qui est encore plus pathétique c’est que l’on se rend compte que le destin joue contre nous. Le Permis est une farce. Le comble de l’existence. Parce que le permis, ah on l’a, c’est bien. Ah, ça on s’est vengé du code, en klaxonnant copieusement au bord de son bolide rutilant juste en face de la France profonde toujours cloîtrée dans le même bureau avec le vague espoir un jour d’avoir plus de 34. Ah, ça, on l’a remerciée la mère (Bip). Copieusement aussi. Paraîtrait que l’ultra violence est acceptée dans ces cas là, c’est marqué dans le Patriot Act.

Ah ça, on a ri. Ca a duré 15 minutes.

Car le poids de responsabilités naissantes te tombe dessus sans prévenir. En un espace temps relativement réduit, tu as des charges, des obligations, on se porte garant de toi, on te juge.
Tu dois trouver un travail, régler tes factures, ne plus boire, ne plus fumer. Sauf que toi, tu as 18 ans, et tu veux juste sortir avec tes potes, la bringue et tout et tout. Dommage.

3 ans de permis pour prendre le bus, je me demande quand même si tout ça valait le coup.
Ah ça, le permis c’est bien.
Rapport à la liberté tout ça.

Jusqu’à ce que tu te rendes compte que ta liberté, tu viens de la perdre.
Amis dépressifs, bonsoir.

Et pour ceux qui ne l’ont toujours pas…
Faites vivre ma légende.

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