lundi 28 juin 2010
Die Hard
Un film somme.
La quintessence d’un genre boursouflé par d’indigents acteurs préférant payer les traites de leur limousine plutôt que de livrer un bon film.
Et pourtant voici une équipe faite de joyeux artisans portés par un producteur un peu fou fou (Joel Silver, qui, s’il n’a pas que des mérites, donne les moyens aux projets auquel il croit), un réalisateur visionnaire, et à une star jouissive, qui n’a pas peur du ridicule, et qui en l’espace de ce film justement, va devenir un mythe interplanétaire.
Parce que Die Hard est une date dans l’histoire du ciné d’action américain, un monument, pillé, copié, certainement jamais égalé.
Une seule unité de temps, de lieu, deux personnages principaux (et encore, on est clairement dans le McClane show, même si gravitent autour de lui une masse de personnages principaux, des policiers incompétents aux otages hystériques, rameutant pas mal de difficultés sur la tête de John, dont le monde s’écroule complètement)
D’autres ont aussi voulu faire leur John McClane par la suite, bien peu sont ceux qui ont réussi. Le seul héritier à trouver grâce serait bien Jack Bauer, qui doit beaucoup à la saga Die Hard, mais dont on a ôté l’humour à froid pour un côté ultra dézingueur seul contre tous.
Alors qu’est ce qui fait Die Hard, un film qui fait pourtant du neuf avec du vieux, un chef d’œuvre impérissable ?
C’est en grande partie dû à l’attachement du spectateur pour McClane, toujours au mauvais endroit au mauvais moment, et à qui les situations désespérées et la peur de mourir développent un cynisme pince sans rire particulièrement réjouissant.
Là où les films d’actions pré Die Hard (car il y a eu forcément un avant et un après) se contentaient d’aligner les morts au gré de péripéties vaguement palpitantes, on est en face d’un film qui revendique clairement son second degré, jusqu’à la vindicte finale sauvage et franchement parodique, où l’on voit le bon policier black père de famille brandir son magnum vengeur pendant que le Bad Guy se relève de ses nombreuses blessures. Euphorisant et hilarant, ce sursaut final est à l’image du film : mené à tambour battant, sans jamais se prendre au sérieux.
Encore que John McClane n’est pas le super héros américain type : il se blesse, a ruiné son mariage (et sa dégradation ira crescendo suivant les films), souffre, et le spectateur avec. Il faut le voir se prendre des coups, des balles, des insultes pendant toute la durée du métrage : McClane est le première Héros Masochiste d’Hollywood, et il aime clairement ça.
Le scénario, respectueux de tous les codes du genre, est une perle.
Il exploite à fond toutes les possibilités du décor et de la situation, relayé par la maîtrise ultime de MacTiernan en spectaculaire et suspens. La première demi heure est à ce sens l’une des meilleures scènes d’exposition du 7ème Art, car le spectateur repère aisément en quelques coups d’œil les éléments constituant le reste de l’intrigue. Il tremble déjà pour ces personnages, alors que la trame, une bête prise d’otage n’a rien d’exceptionnelle.
C’est par cette volonté d’éclater et de renouveler le genre que le film est aujourd’hui une telle référence, un classique qui reste, plus de vingt ans après, toujours aussi emballant, et dont les suites n’attaquent même pas son statut culte (ou si peu).
Yeepeekaï Yeah, MotherFucker.
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