Le bien-fondé des remakes est une question qui vrille perpétuellement le cœur des cinéphiles. L’annonce de telles entreprises s’accompagne le plus souvent de grands râles de protestation, avant même l’annonce d’un réalisateur ou d’un casting. Faut dire que le cinéphile (surtout geek) n’aime pas le changement. Si la pilule peut passer avec les noms attachés aux différents projets, celui-ci reste septique jusqu’à la sortie du machin. Or, ce choc des titans cuvée 2010 avait de quoi faire frétiller l’amateur de guerriers en jupette qui sommeille en chacun de nous : un sacré budget, l’acteur le plus bankable du moment (Mouloud Achour), un frenchie à la réalisation capable de bessoneries bas de plafond mais jouissives, et suffisamment compétent dans les blockbusters ricains pour livrer un Incroyable Hulk de bonne tenue.
Et surtout, le film original tient sa renommée de ses effets spéciaux, constituant l’apogée de Ray Harryhausen, juste avant l’apparition des premiers effets numériques. La remise au goût du jour, fort des techniques modernes, est donc alléchante, surtout qu’un tel script est capable de combler l’envie d’expériences spectaculaires ultime de spectateurs toujours plus avides (et dans le même temps plus rapidement blasés). Cette version 2010 remplit donc son office, mais se contente du minimum syndical, n’exploitant finalement que peu son synopsis dantesque.
Louis Leterrier est un bon technicien qui emballe ici des scènes franchement réussies, toutes en démesure et en mythologie couillue, mais le montage à la truelle du film empêche toute implication du spectateur, qui a plus l’impression de visionner passivement des cinématiques de jeu vidéo plutôt que de vivre une histoire iconique en diable. Résultat, à trop vouloir compresser l’intrigue pour une durée de métrage rachitique permettant d’enchaîner promptement de multiples séances par jour, le final est carrément bâclé. Malgré une montée en puissance fonctionnant principalement sur l’attente (et donc complètement dynamité par une bande annonce racoleuse) et un visuel à tomber par terre, le combat apocalyptique final est expédié de façon indigne et laisse au spectateur un mauvais goût en bouche. Alors que certains blockbusters, n’ayant rien à raconter, durent 2h30, on a du mal à comprendre le raisonnement des costumes cravates derrière de tels projets, d’autant que les coupures et autres éléments du scénario abandonnés laissent un sacré vide. Pour une fois qu’on avait les moyens d’adapter une mythologie qui ne provient pas de jouets, de jeux de sociétés ou du dernier bouquin à la mode, on ne laisse pas au film les moyens d’explorer à fond son univers. A trop sacrifier sur l’autel de l’efficacité, le film perd son identité et son âme.
Dès lors, si le film démarre sur un postulat intéressant, le désaveu des Dieux par les Humains, et la réponse à grands coup de Kraken des barbus en armure, le film reste au niveau de n’importe quel gros budget lambda, comme il en sort par dizaines à chaque périodes stratégiques de l’année. Les personnages, mis à part Persée, n’existent pas, alors qu’on se doute que de nombreuses scènes sont restées sur le banc de montage. Néanmoins, si la caractérisation des personnages est rachitique, le film se montre vraiment généreux sur ses scènes à grand spectacle. Difficile alors pour l’amateur de refréner ses envies de violence guerrière et barbare (PG-13 quand même hein, faut pas pousser), et tout un bestiaire impressionnant au rendu impeccable. Si le film bascule parfois dangereusement vers le kitsch (notamment chez les dieux habillés façon Saint Seya et scintillant comme dans Twilight), il n’en demeure pas moins un divertissement tout ce qu’il y a de plus honorable, au visuel réussi et à l’efficacité imparable. Il faut parfois savoir se contenter d’un spectacle apportant juste ce que le public réclamait, et ne transcendant jamais son postulat de base. A l’heure où les films sont plus conçus par des directeurs marketings que par des amateurs du genre, cela risque de devenir la norme. Si elle ne l’est pas déjà.
Le choc des titans fournit exactement ce que l’étude marketing avait démontré : du grand spectacle, de l’homme viril en jupette, des monstres, des barbus scintillant et un emballage top-chrono. Tout ce qui fait un blockbuster réussi donc. Ça, et Mouloud Achour en super star.
Et surtout, le film original tient sa renommée de ses effets spéciaux, constituant l’apogée de Ray Harryhausen, juste avant l’apparition des premiers effets numériques. La remise au goût du jour, fort des techniques modernes, est donc alléchante, surtout qu’un tel script est capable de combler l’envie d’expériences spectaculaires ultime de spectateurs toujours plus avides (et dans le même temps plus rapidement blasés). Cette version 2010 remplit donc son office, mais se contente du minimum syndical, n’exploitant finalement que peu son synopsis dantesque.
Louis Leterrier est un bon technicien qui emballe ici des scènes franchement réussies, toutes en démesure et en mythologie couillue, mais le montage à la truelle du film empêche toute implication du spectateur, qui a plus l’impression de visionner passivement des cinématiques de jeu vidéo plutôt que de vivre une histoire iconique en diable. Résultat, à trop vouloir compresser l’intrigue pour une durée de métrage rachitique permettant d’enchaîner promptement de multiples séances par jour, le final est carrément bâclé. Malgré une montée en puissance fonctionnant principalement sur l’attente (et donc complètement dynamité par une bande annonce racoleuse) et un visuel à tomber par terre, le combat apocalyptique final est expédié de façon indigne et laisse au spectateur un mauvais goût en bouche. Alors que certains blockbusters, n’ayant rien à raconter, durent 2h30, on a du mal à comprendre le raisonnement des costumes cravates derrière de tels projets, d’autant que les coupures et autres éléments du scénario abandonnés laissent un sacré vide. Pour une fois qu’on avait les moyens d’adapter une mythologie qui ne provient pas de jouets, de jeux de sociétés ou du dernier bouquin à la mode, on ne laisse pas au film les moyens d’explorer à fond son univers. A trop sacrifier sur l’autel de l’efficacité, le film perd son identité et son âme.
Dès lors, si le film démarre sur un postulat intéressant, le désaveu des Dieux par les Humains, et la réponse à grands coup de Kraken des barbus en armure, le film reste au niveau de n’importe quel gros budget lambda, comme il en sort par dizaines à chaque périodes stratégiques de l’année. Les personnages, mis à part Persée, n’existent pas, alors qu’on se doute que de nombreuses scènes sont restées sur le banc de montage. Néanmoins, si la caractérisation des personnages est rachitique, le film se montre vraiment généreux sur ses scènes à grand spectacle. Difficile alors pour l’amateur de refréner ses envies de violence guerrière et barbare (PG-13 quand même hein, faut pas pousser), et tout un bestiaire impressionnant au rendu impeccable. Si le film bascule parfois dangereusement vers le kitsch (notamment chez les dieux habillés façon Saint Seya et scintillant comme dans Twilight), il n’en demeure pas moins un divertissement tout ce qu’il y a de plus honorable, au visuel réussi et à l’efficacité imparable. Il faut parfois savoir se contenter d’un spectacle apportant juste ce que le public réclamait, et ne transcendant jamais son postulat de base. A l’heure où les films sont plus conçus par des directeurs marketings que par des amateurs du genre, cela risque de devenir la norme. Si elle ne l’est pas déjà.
Le choc des titans fournit exactement ce que l’étude marketing avait démontré : du grand spectacle, de l’homme viril en jupette, des monstres, des barbus scintillant et un emballage top-chrono. Tout ce qui fait un blockbuster réussi donc. Ça, et Mouloud Achour en super star.
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