lundi 16 juin 2008

Full Metal Jacket


Bien sûr.
Le plus célèbre et incontournable des films de guerre post vietnam.
L’un des plus malsain aussi.

Car si le film est divisé en deux parties bien distinctes (l’entraînement, le combat), c’est bien cet entraînement sur Paris Island qui prend aux tripes.
Car sur ce schéma que reprendront bon nombre de cinéastes s’essayant au genre, c’est grâce à ses personnages que Kubrick l’emporte aisément.

Première partie où la tension et le malaise monte, grandi insidieusement, après cette scène aujourd’hui devenue culte d’un sergent Hartman faisant son entrée.
Même si ce sont des rires que l’on entend au début de l’œuvre devant tout cet étalage de cynisme, d’humour noir, et il faut bien le dire, de vulgarité et de mauvais goût affligeants, on s’identifie peu à peu aux personnages, dont un, surtout.

Baleine.

Tout le monde a ses souvenirs de gras du bide du collège, où l’on se faisait toujours choisir en dernier pour la balle au prisonnier.
Ici, le prisonnier est le marine, symbolisé par Baleine, ce personnage un peu lourd, un peu bêta, qui va souffrir de l’intense préparation de ce camp, période pré Guantanamo.

Ces (à peine) 45 premières minutes demeurent un choc, quasi viscéral, débouchant sur ce que l’on peut qualifier d’une des plus réussies scènes de cinéma.
Juste quelques mots, et l’on est soufflé.
Car l’on vit ce que vivent ces personnages, et si l’on doit bien rendre grâce au maître, c’est qu’il arrive toujours à mettre le spectateur dans l’état où il le souhaite (se souvenir de la trouille bleue devant un Shining, traumatisant toute une génération).

Alors si la seconde partie a moins d’étoffe (Full Metal Jacket peut très bien être considéré comme un court métrage, si l’on occulte cette partie), car plus complaisante, jouant sur l’esbroufe de tourner un film d’action à la violence guerrière (ce qu’il réussit bien moins qu’un Stone par exemple), elle reste toutefois franchement plaisante notamment grâce à cette immense scène (une demi heure à elle seule, tout de même) de duel psychologique face à un sniper rarement aussi impitoyable (jusqu'à tirer plus de 10 balles dans le même corps, avec tout l’attirail des ralentis et gerbes de sang atrophiées, impliquant de petits rires gênés face à la ringardise de la chose).

Le film se terminant, l’on se dit que l’on vient de vivre un chef d’œuvre de souffre, estomaqué durant quelques minutes face à cet uppercut, que l’on aurait bien fait une pause avant d’enchaîner sur la partie du Vietnam, et que faire naître une réflexion sur la guerre n’implique pas forcément tout cet imbroglio pseudo philosophique d’un Apocalypse Now Redux (une version longue qui annihile tous les effets d’un pourtant chef d’œuvre en version courte).

Quelques précautions toutefois : Savoir qu’après ça, tous les films de guerre vont se ressembler (Voir le récent Jarhead, copie carbone de la première heure), que le film ne se déguste qu’assurément en version originale, et que vous petits bambins risquent de choper un langage fleuri pas piqué des hannetons.

Et pour finir avoir la douloureuse sensation que tout cet assemblage meurtrier n’est, à l’heure actuelle, toujours pas fini.

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