lundi 11 août 2008

Les Promesses de l'Ombre


Revoilà papi Cronenberg, qui n'a jamais été vivant depuis qu'il approche l'âge de la retraite. Après bon nombre de chefs d'oeuvres reconnus, et une poignée d’autres machins plus gênants, le bougre semble revenir de sa torpeur, notamment après ce chef d'oeuvre de perversion et de violence froide qu'était A History of Violence. Si elles ne sont pas du même niveau, ces Promesses de l'Ombre n'en sont aucunement déshonorantes.

Toujours au coeur de son écrin de noirceur délectable, le maestro orchestre ici une représentation savoureuse et glaçante de la mafia russe londonienne, famille avec ses codes, ses doutes, ses déviances, et met tout ça en parallèle avec une famille dysfonctionnelle type. Si on manque de se désintéresser très vite de cette part de l'histoire, pourtant portée brillamment par Naomi Watts, c'est toutes ces tranches de vies mafieuses qui happent le spectateur, déjà bien conquis par une première scène estomaquante à la violence gore terriblement surprenante, comme aime à les glisser son malfaisant réalisateur.

Plus les histoires se rejoignent, plus l'on est passionné par cette histoire bêta qui aurait pu tourner à la série B de Steven Seagal. Les acteurs y sont parfaits, d'un Mortensen absolument magistral à un Cassel enfin dans son assiette américaine, la réalisation, sans fioriture est d'une beauté désarmante, surtout dans ses moments chocs, qui arrivant sans crier gare, clouent littéralement sur place (on parlera encore pendant longtemps de cette entrevue au sauna). Le réalisateur en profite au passage pour exploiter un peu plus ses thèmes, son moi profond, et le spectateur ne peut que dire merci.
Il est bien difficile de cerner cette oeuvre protéiforme (bouffonnerie ou thriller trouble ? Série B ou Film d'auteur ? Moralisateur ou déviant ?), et il appartient au spectateur d'en faire son avis.
Dans tous les cas, il s'agit d'un très grand film.

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