samedi 12 avril 2008

Le Foot, ça craint


(Ou la Chronique désenchantée d’une défaite annoncée par un non fan absolu de foot)


Commençons sur de bonnes bases : Le foot, on en a rien à foot.
Voilà.
Après cette désopilante remarque sarcastique de trèèèèèèèèès bon goût, concentrons nous à notre affaire.
Bien que pour une fois dans le foot, il n’est pas question d’affaire de gros sous ou autre chose, source de bon nombre de désaveux du sport.
Car le foot, ce n’est rien d’autre que des milliardaires qui courent en short et qui frappent fort dans un ballon.
En gros.

Mais c’était avant France 98.

A partir de là, les mêmes milliardaires étaient appelés en héros, et un seul, Zidane, Zizou comme le surnomme affectueusement sa maman (je t’aime ma maman), était appelé Jésus.
Dîner chez Chirac, rentrée triomphante, c’était bien.
Le chômage a baissé, les hommes étaient contents de faire l’amour à leurs femmes, la vie était belle.

Bon, les français passaient toujours pour des abrutis, bérets vissés sur la tête et baguette sous le bras, maillot à rayures et hygiène désoeuvrée (et c'est encore pire maintenant avec les 17 millions des ch'tis), mais au moins on était fort au foot.
Et on avait Jésus dans notre équipe.

Puis la déculottée, en (1998 + 4) 2002.
Jésus ne passera même pas le premier tour.
La bonne blague !
Pour finir, qu’est ce qu’ils sont mauvais !
Et puis le chômage a augmenté, les hommes bandaient mous, life sucks.

Or, l’Allemagne ouvre à son tour ses portes en (1998 + 4 + 4) 2006.
Youpi.
Comme l’aura dit le grand philosophe, l’on cite de mémoire « On voulait prouver après 2002 qu’on était pas des chiffons ».
L’utilité d’un chiffon sur un stade restant encore à prouver, à l’instar d’une selle de vélo dans un champ de betteraves, il n’avait pas tort le bougre.

Mais le peuple, la populace, la plèbe était persuadé d’une nouvelle déculottée, surtout au vu de l’âge plutôt avancé des joueurs (plus de trente années, quelle horreur !)
Aux vieillards de prouver qu’ils avaient tort.

Tatataam.
Après cette brève remise en condition historique, concentrons nous sur cette fameuse coupe du monde 2006 (La Coupa d’el Mundo 200chich comme y disent à Munich).
Bon, on ne va pas vous cacher la supercherie plus longtemps, on y connaît strictement rien en Foutcheball (sympathiques teutons) donc on va surtout se concentrer sur ce qui nous intéresse, Jésus et son équipe de pieds nickelés.

Après leurs matchs de pré sélection, ou de premier tour, oh et puis merde, on n’y connaît rien vous disais je.
Après leurs premiers matchs donc, la France était au plus bas.
Qualifiée certes, mais raillée.
Le monde leur pissait à la figure (triste spectacle à chaque entrée dans le stade) et ignominie ultime, la désaffection de Thierry Rolland, jurant si la France gagnait courir nu autour de la Concorde.
C’est dire !

En gros, pour faire simple et en résumé, la France, elle craint en Football.

Et puis le miracle, Alléluia (quel touchant langage que cet allemand !) la France gagne.
Et gagne encore !

Le monde, qui leur déféquait au visage, l’embrasse maintenant.
C’est la liesse, le bonheur, oh oh oh, c’est bon pour le moral, bon pour le moral.
Et v’là ti pas que ça nique dans les chaumières, et que ça réussit le bac, et que ça trouve un vaccin contre le cancer !

C’est formidable !

Tout le monde aura oublié qu’un jour avant c’étaient (l’on cite toujours), ahem, des brêles.
Jésus nous a sauvé.

Tut Tut Tut fait le klaxon, Vroum Vroum Vroum fait la voiture, et Ha Ha Ha font les bêtas, à l’instar de la chanson du saltimbanque des temps modernes, Henri Dès.
Ca fait du bien.
Mais il ne fait pas bon conduire un soir de match.


Des bombes au Proche Orient ?
Le scandale ClearSteram ?
Le viol à côté de chez toi ?
Rien à cirer, (d’ailleurs l’on osera même un on s’en care le coquillard) la France est en Finale !

Les Brésiliens en ont encore mal au plus profond du séant, pour reprendre l’expression populaire !
Les vieux gagnent ! (Grosse grosse activité sur les fixations à dentiers)
Même les femmes s’intéressent au foot !

C’est formidable !

Et puis la finale.

Alors là, les mastodontes sont de sortie, pour ce qui sera deux heures de pure tension psychologique, un machin insoutenable et stressant, pire qu’un 24 ou l’on ne sait quoi d’autre.

L’avenir du monde se joue ce soir.

Nous l’avons vécu pour vous (sympas que nous sommes).

Premières minutes.
But pour la France : Chouette !

Plus tard.
But Pour l’Italie : Youpi !

On reconnaît les buts au bruit des klaxons et des cornes de brume dans la rue.
Cruelle déception que de rester chez soi un soir de finale.
On aurait quand même pu aller dans un café ! (Même si il fallait pour cela subir le Café PMU de Bouzy et son alcoolisme primaire)

On a laissé le (fabuleux) (mais hélas aujourd'hui triste) commentaire de Thierry Gilardi en fond sonore.
A chaque action, l’on a l’impression d’assister à la fin du monde.
Car c’est une bataille que livre la France face à l’Italie.
L’apocalypse.

On entend un bruit au loin.
Ca n’a pas du passer loin.

Quelques vrombissements par là.
C’est insoutenable, tout ce suspens.


Et l’acte.
Jésus part sur un coup de tête (humour).
Et aux commentaires de retranscrire l’hébétement, cette atmosphère de fin du monde.
Quel fabuleux moment de télévision !
La fameuse beauté du sport !

Le mythe s’écroule.
Comme si le Dalaï-lama aurait violé un fœtus en direct.
Mère Térésa qui tourne un film zoophile.
Comment sauver le monde après ça ?

Le peuple gronde.
Les italiens en prennent pour leur grade.
Un racisme primaire dont se délectera de loin le spectateur blasé.
Il ira brûler des pizzerias tout à l’heure.
La bière aidant, il lynchera « les amateurs de pâtes »
La Rafle nouvelle.
On se rend compte en quelques instants que celui qui était tellement porté aux nues est un connard.
Pas grave, mais vivement son lynchage médiatique.
On brûlera son souvenir de notre mémoire.
Comme le dira plus tard Nanard, « ce n’est qu’un Homme ».

Encore heureux.
Mais quand même, de le découvrir, ça fait un choc.

Tatataam.
Tirs aux buts.

Des femmes enceintes sont évanouies.
Kévin, 10 ans, porteur d’un appareil dentaire « élégant et surtout pas disgracieux » d’après la tante Bertine, s’est déjà ouvert les veines.
Qu’est ce qu’on s’amuse.

Pour parler crûment, Ben Laden balancerai son anthrax qu’on en aurait rien à foutre (oui oui).
La tension est indescriptible.
Quel sens du rebondissement pour les scénaristes !
Hollywood est en passe d’acheter les droits.
C’est dantesque.
L’apocalypse.

BALLE DE MATCH.
Non.
Ouf !
Bon Dieu !

Et c’est fini.
Pffffrrrrt fait la baudruche qui se dégonfle.

Le battant palpite.
Ce fut formidable.

Le pays souffre.
L’on entend des gémissements un peu partout.
Des morts.

A Jean pierre Pernault d’enchaîner après ça.
Vite Vite, on rebaptise l’émission « Bravo Les Bleus » en « Merci les Bleus ».
Vite Vite, on trouve quelque chose à dire.

C’est dur.
Les performances sexuelles en recrudescences font maintenant peine à voir.
Les Hommes refusent de se faire toucher.
La vie est dure.
Que c’est triste.

Ca devient violent.
Les mères nettoient avec force leurs enfants maquillés à coup de papier crépon, de laine de verre.
Pour expier.
Pour demander pardon.
Quelqu’un est mort ?
Même pas.
La beauté du sport !

Aux Journalistes de retranscrire la liesse prévue sur les Champs-élysées.
Ils se sentent seuls.
Seuls dans la nuit.
On entend un râle au loin.
« En direct des Champs Elysées Mathieu... Vous m'entendez Mathieu ?
… Mathieu ? »

Bravo également aux pubs d’après match.
Youhouhou ! Allez les Bleus ! (qui jouaient en blanc).

Et Jean Pierre Pernault qui s’enfonce.
Heureusement pour Cauet, Zidane a marqué.
Il peux avec fierté continuer à vendre des disques.
2 heures de direct sur RIEN.

On analyse.
Pourquoi Zidane, POURQUOI ?
« C’en est à pleurer » les commentaires furent un plaisir de chaque instants.
L’Histoire en retiendra une insulte à base de Maman.
Pourquoi pas.

L’on apprend qu’ils vont descendre les Champs-Élysées.
Manger avec le Président.
Quand même.
C’est savoureux.
Car tragique.

On a trouvé une cause aux maux du pays.
C’est chouette.
On a bien fait de ne pas regarder Louis La Brocante.

La déception gronde un peu partout.
L’on interview déjà Domenech.
On dirait qu’il n’a pas l’air content.
Pourtant les journalistes lui ont dit que c’était pas grave.

Ce fut formidable.

Et ce n’est toujours pas fini.
Une heure qu’on nous bassine avec Zidane aux infos.
Pfiouh.

Bah, au moins, ils l’ont mérité.
Ils ont quand même rétabli la paix au Moyen Orient !

Ah, on me fait signe que…

Ouais.
Le Foot, ça craint.
Définitivement.

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