vendredi 7 mars 2008

Les Infiltrés


Martin Scorsese est un vieux briscard du film de gangsters.
Ah, ça c’est sûr, on ne lui fait pas à lui.
Tous ces jeunes blancs becs prétentieux qui se ramènent avec leur thèse post tarantinonienne, avec des bribes de Coppola par ci, de Scorsese par là, il n’en a cure le Martin.
C’est pas eux qui vont lui faire peur.
Mais on sent quand même qu’il tique un peu, tout occupé qu’il est à se débarrasser de son genre fétiche (son dernier en date, Casino, date tout de même de 1995) en signant des biopics un peu ronflants.
Il revient donc gonflé à bloc, prouver qu’à la soixantaine passée, il peut flanquer une fessée mémorable à tous ces jeunots même pas reconnaissants.
Et il accouche de The Departed (on ne fera même pas de remarque sur l’odieux titre français), une œuvre somme, qui, même si elle n’est en rien l’époustouflante réussite d’un Goodfellas, reste quand même une de ces claques dans la gueule comme on aime en avoir.

Rien que le début du film laisse pantois : Travellings ultra classieux, dialogues affûtés, rock irlandais, la réalisation de Scorsese est un bonheur. Ces deux minutes précédant l’apparition du titre plongent directement dans l’action, sans aucune espèce de préliminaires.
On retrouve la hargne et la niaque du Scorsese d’antan, surtout épaulé par un casting orgasmique et d’un scénario roublard et foisonnant.
On ne fera pas ici le jeu de la comparaison entre celui qui nous intéresse et son homologue hongkongais, mais le script est perclu de sacrées trouvailles qui donnent tout le sel à un film franchement inattendu (lorsqu’il ne s’égare pas dans une romance Harlequin ou un final punitif poussif, symptomatique de l’actuel cinéma américain).

Ici, on s’insulte copieusement, les têtes d’affiches sont dézinguées joyeusement, on est surpris par des errances gores tout droit sorties d’un Brain Dead, et des contres emplois jouissifs d’acteurs dont l’image lisse commençait à prendre un coup.
Scorsese rameute aussi les has been d’Hollywood, de Martin Sheen (qui ne brillait plus que dans la petite lucarne) à Alec Baldwin (qui ne brillait plus depuis…. Euh….).
L’ensemble forme un tout très réussi, gloubiboulga intense et raffiné, avec une caractérisation des personnages aux petits oignions.

Maintenant, on peut toujours faire le rabat joie en constatant les multiples incohérences du film (aaah, le coup des SMS), où un final un peu longuet (dû en grande partie à l’emballage rose bonbon du triangle amoureux, débouchant heureusement sur une scène de sexe), dégrader un Scorsese il est vrai un peu mineur, mais ça serait rater une gueulante aux relents de bitures, de tabac et de pubis, un clodo pas bien méchant qui défouraille le cinéma de papa et renvoie les petits aspirants à leur banc d’école, la quéquette entre les jambes.

C’est qui le patron ?

Ps : Bien sûr, pas la peine de préciser que Nicholson y est brillantissime.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Infernal Affairs est nettement mieux que Les Infiltrés. Et puis c'est tout.

Faut que les américains arrêtent à chaque fois de recopier des films d'autres cinémas tout celà parce qu'ils pensent que seul leur cinéma américain est de qualité.

Anonyme a dit…

Scorsese.
Nicholson.
Tout est dit.

A choisir, y'a quand même un candidat qui a largement plus de classe.
Après, je préfère True Lies à la Totale, mais c'est vrai que la plupart des "refaisages de" sont inutiles. Sauf quand il y a un véritable auteur derrière la caméra. Et s'il fallait refaire Infernal Affairs pour que papy Scorsese se remette à filmer des gansters, moi je dis banco.

Et ça a certainement fait du bien à Infernal Affairs, alors arrête de râler !